Assez vu. La vision s’est rencontrée à tous les airs.
Extrait de Départ (Illuminations).
Départ
Fin avril Arthur part à pied pour l'Italie en passant par la Suisse, à Milan il tombe malade, il y reste un mois puis repart vers le sud. Victime d'une insolation, il doit être rapatrié le 15 juin 1875 par le Consul de France à Livourne. Il envisage de s'enrôler dans l'armée carliste, mais ne donne pas suite à son projet et remonte en juillet à Maison-Alfort où il est répétiteur. Retour à Charleville en octobre où il lui arrive de s'enfermer toute une journée dans son armoire pour étudier le russe et l'arabe. Dans une lettre à Delahaye, on trouve un petit texte: Rêve que certains considère comme sa "dernière manifestation poétique". La mort de sa sœur Vitalie, le 18 décembre à la suite d'une synovite tuberculeuse, l'affecte terriblement.
Au printemps 1876 Rimbaud part à Vienne où il se fait dévaliser par un cocher à son arrivé. L'épisode amuse beaucoup Verlaine qui en fera une illustration. Fauché, Arthur rentre à Charleville. En mai, il repart pour Bruxelles, Rotterdam puis Harderwijk où il s'engage pour six ans dans l'armée coloniale hollandaise. Il s'embarque le 10 juin et arrive le 19 juillet à Batavia.
Au bout de quelques semaines, Rimbaud déserte et regagne l'Europe sur un voilier écossais. Il se retrouve à Charleville durant l'hiver 1876-77. Au printemps Rimbaud part à Cologne puis à Brême où il tente de s'engager dans la marine américaine. Employé dans un cirque ambulant il parcours la Suède et le Danemark.
Retour à Charleville. En septembre il part à Marseille et s'embarque à destination d'Alexandrie. Malade il est débarqué à Civita-Vecchia, il visite Rome puis rentre à Charleville.
Rimbaud quitte Roche au printemps 1878 pour Hambourg et la Suisse, mais l'itinéraire exacte reste encore aujourd'hui obscure. En été il rentre à Roche puis, fin octobre il repart et traverse à pied les Vosges, la Suisse et le Saint-Gothard. A Gêne il s'embarque pour Alexandrie avec en poche un contrat de travail en tant que directeur de carrière à Chypre. En 1879 la typhoïde le contraint a rentrer à Roche pendant l'été où il aide aux travaux de la ferme. Delahaye vient lui rendre visite et lorsqu'il demande à Arthur si il pense toujours à la littérature celui ci répond: "Je ne m'occupe plus de çà".
Il repart pour Alexandrie durant l'automne mais à Marseille la fièvre encore une fois l'oblige à rentrer à Roche. En mars 1880 il regagne Chypre où il est embauché dans une entreprise chargée d'édifier un palais destiné au gouverneur britannique sur le mont Troodos.
Il démissionne peu de temps aprés et cherche du travail dans les ports de la Mer Rouge. En août il débarque à Aden (Yemen) et trouve un emploi à la maison Viannay, Mazeran, Bardey et Cie, spécialisée dans le commerce des peaux et du café.
Il se rend ensuite à Harar (Ethiopie) afin de s'occuper de la nouvelle succursale d'Alfred Bardey. En mai 1881, Bardey aide Rimbaud, qui a contracté la syphilis, à se soigner.
Arthur commence à s'ennuyer ce dont il fait part à sa famille, avec laquelle il entretient une abondante correspondance: "Je m'ennuie beaucoup, toujours; je n'ai même jamais connu personne qui s'ennuyât autant que moi." En décembre il retourne à Aden et travail, durant toute l'année 1882, pour la maison Bardey.
L'année suivante il demande à sa mère de lui envoyer des ouvrages techniques ainsi qu'un appareil photo et part, à la demande de Bardey, explorer l'Ogadine (région encore mal connue à l'époque). Il y rédige un rapport qui sera publié en février 1884 dans le bulletin de la Société Géographique. En mars 1883 il devient directeur des établissements Bardey à Harar qui sont contraint de fermer en avril 1884 sous la pression des événements politiques.
Arthur rentre à Aden où Bardey, qui a remonté une nouvelle affaire, lui offre un contrats de courte durée. Mais Rimbaud s'ennuie très vite à Aden "...c'est un roc sans un brin d'herbe ni une goutte d'eau bonne : on boit de l'eau de mer distillée. La chaleur y est excessive et tout est très cher". et se plaint de sa condition de vie "Il est impossible de vivre plus péniblement que moi". Il aimerait gagner plus d'argent et pourquoi pas fonder une famille. A Paris son nom commence a être connu grâce à Verlaine qui le présente au public dans "Les poètes maudits", publié en 1884.
En octobre 1885, voulant mener des affaires pour son compte, Arthur quitte Bardey et se lance dans un trafic d'armes où il espère revendre cinq fois plus cher des fusils obsolètes à Ménélik, roi du Choa, mais l'entreprise n'est pas de tout repos. Il met prés d'un an pour réunir sa cargaison et préparer le départ à cause de divers problèmes et de la mort de ses associés, Pierre Labattut et Paul Soleillet. Finalement, Rimbaud part seul à la tête de cette expédition.
Pendant ce temps, à Paris sa réputation ne cesse de grandir et au cours de l'été 1886, la revue La Vogue publie les Illuminations.
En février 1887, Arthur arrive à Ankober où il apprend que Ménélik est absent. Il part le rejoindre à Antotto. Là-bas, il est reçu par le roi du Choa qui fait des difficultés lors du paiement prétextant un retard de livraison ainsi que des dettes impayées qu'aurait laissé feu Labattut.
Rimbaud prit à la gorge n'a pas d'autre solution que de brader sa cargaison et de s'acquitter des dettes de son ancien associé. Cette déroute laisse Arthur vieilli et épuisé: "J'ai les cheveux absolument gris. Je me figure que mon existence périclite."
En Juillet 1887, il part au Caire pour négocier ses traites, il est accompagné par son jeune serviteur Djami Wadaï. A partir des notes qu'il a prise au cours de son expédition en Abyssinie, il rédige une étude sur la situation économique et politique du Choa qui paraît dans un quotidien du Caire, Le Bosphore Egyptien. En octobre il retourne à Aden.
En 1888, il rencontre César Tian, un important commerçant qui lui offre un poste de boutiquier à Harar. Durant trois ans, Rimbaud va faire de l'import-export et amasser tant bien que mal un petit pécule, mais l'ennui le taraude toujours. Il apprend par une lettre de Paul Bourde, un ancien ami, qu'en France son oeuvre est enfin reconnue et sa poésie publiée un peu partout. Mais Rimbaud a depuis longtemps tiré un trait définitif sur ce chapitre de sa vie et ne répondra jamais au solicitations émanant du milieu littéraire parisien.
Début 1891 il commence à souffrir d'une douleur au genou droit. Au printemps, la douleur étant devenue insupportable, il se fait transporter à dos d'homme sur une civière parcourant ainsi trois cents kilomètres à travers le désert. Ce voyage qui est un vrai calvaire prend fin au port de Zeilah où il s'embarque pour Aden. Là-bas on diagnostique une synovite aggravée qui se transforme bientôt en tumeur cancéreuse (carcinome). Il doit être rapidement amputé pour éviter que la tumeur ne s'étende davantage. L’hôpital d'Aden n'étant pas équipé pour ce genre d'opération, le 9 mai, Rimbaud s'embarque pour Marseille.
Le 22 mai il entre à l’hôpital de la Conception, sa mère vient le voir le lendemain. Le 27 il est amputé de la jambe droite. Arthur se déplace maintenant avec des béquilles. Pour cet aventurier toujours avide d'explorations et de découvertes, c'est le désespoir. Plus déprimé que jamais, il fait part de sa souffrance dans une lettre à sa sœur Isabelle "...Adieu mariage, adieu famille, adieu avenir ! Ma vie est passée, je ne suis qu'un tronçon immobile..."
Le 23 juillet, il part en wagon spécial pour une convalescence à Roche. Un mois plus tard la fièvre s'empare à nouveau de lui et il retourne à Marseille accompagné de sa soeur Isabelle. A l'hopital les médecins diagnostiquent un cancer généralisé (certainement du à son amputation trop tardive). Son état empire, en proie au délire il veut repartir pour l'Afrique et demande à voir Djami, son jeune serviteur. Sa sœur qui l'assiste jusqu'au bout obtient de lui qu'il se confesse à un aumônier.
Isabelle avec l'aide de son mari Paterne Berrichon (pseudonyme de Pierre-Eugène Dufour), n'aura de cesse de présenter une image pieuse de Rimbaud mort en bon chrétien.
Cette image sera, comme on peut s'en douter, rapidement controversée.
Arthur Rimbaud meurt le 10 novembre 1891 à l'age de trente sept ans.
Le 14, il est enterré au cimetière de Charleville.
Les principaux ouvrages qui ont aidé à la rédaction de cette biographie sont:
"12 poèmes de Rimbaud" par Marie-Paule Berranger édition Marabout.
"Rimbaud" par Dominique Rinçé, dans la collection "Les écrivain" chez Nathan.