Rimbaud à travers ses lettres

Contrairement aux célébrités de la littérature française du dix neuvième siècle comme Victor Hugo ou encore Charles Baudelaire, il ne nous reste, mis à part sa poésie, que très peu de documents concernant Arthur Rimbaud.

Le portrait iconique de Carjat plus deux ou trois photos de mauvaise qualité ainsi qu'une correspondance qui a pu être récupérée ça et là au fil du temps.
Bien que cette correspondance ne soit pas abondante, elle permet toutefois de se faire une idée du personnage Rimbaud et de son évolution.

La poésie ne rythmera plus l'action, elle sera en avant.

Extrait des lettres dites du voyant. 1871

Le courrier de Rimbaud

Une grande partie de la correspondance de Rimbaud a pu parvenir jusqu'à nous.
Grâce à ces lettres nous pouvons plus facilement retracer les étapes de sa vie et les remettre dans leurs contexte d'origine.

Cependant, elles ne détiennent pas seulement des informations chronologiques ou historiques, certaines nous éclairent sur l'évolution et la démarche poétique de Rimbaud, notamment les deux lettres adressées à Théodore de Banville.

Dans la première on découvre un Rimbaud humble et admiratif envers son aîné, la deuxième est déjà beaucoup plus impertinente et témoigne du désir de se détacher des formes poétiques académiques.

Lettre de Rimbaud à Verlaine du 4 juillet 1873
Lettre de Rimbaud à Georges Izambard du 2 novembre 1870

Les lettres du voyant

Les lettres les plus importantes sont évidemment celles dites "du voyant" adressées respectivement à Georges Izambard et à Paul Demeny, dans celles-ci Rimbaud fait part de son "programme" poétique et le décrit dans des formules passées aujourd'hui à la postérité tel que, "je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant, par un long immense et raisonné dérèglement de tous les sens." ou encore "je est un autre.", formules qui inspirerons plusieurs générations d'artistes en tous genre.

Pour Rimbaud la recherche poétique est semblable au processus alchimique sauf que l'objet d'étude n'est pas le métal ou la poésie mais bien le poète lui-même , ou plus exactement son âme, toutes formes de souffrances et de folies sont des voies de la connaissance de soi grâce à laquelle le poète accède à l'inconnu et à la voyance, "[...] et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues [...] Si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme; si c'est informe, il donne de l'informe [...]".

On retrouve ici le rite chamanique des indiens où le sorcier, après avoir absorbé des substances hallucinogènes, entre en transe et communique avec les esprits pour ensuite faire part de leurs messages à la tribu.

Rimbaud quand à lui donne à cette entreprise une connotation prométhéenne, "Donc le poète est vraiment voleur de feu." et se sent prêt à courir tous les risques pour accéder à la voyance.

Correspondance

Rimbaud à travers ses lettres